Mgr André Guèye, archevêque de Dakar : l’homme qui n’a jamais rien demandé

Le 22 février 2025 restera une date mémorable pour l’Église du Sénégal. Ce jour-là, Sa Sainteté le Pape François a nommé Mgr André Guèye archevêque de Dakar, succédant ainsi à Mgr Benjamin Ndiaye. Une nomination qui, si elle a surpris certains, ne fait que confirmer le parcours exemplaire d’un pasteur dévoué, humble et totalement investi dans sa mission. Un homme qui n’a jamais rien demandé, ni convoité, mais qui, par son engagement, s’est vu confier l’un des sièges épiscopaux les plus prestigieux d’Afrique de l’Ouest.

Un pasteur au service de son peuple

Avant d’être nommé à la tête de l’archidiocèse de Dakar, Mgr André Guèye a passé douze ans à la tête du diocèse de Thiès. Ordonné évêque le 25 mai 2013 après sa nomination le 18 janvier de la même année, il a pris ses fonctions avec humilité et détermination, prêt à répondre aux défis pastoraux, sociaux et économiques d’un diocèse en pleine croissance.

Sa devise épiscopale, « En lui, la vie et la lumière », inspirée de l’Évangile selon saint Jean (Jn 1,4), a guidé son ministère et donné le ton à son action. Dans une société en quête de repères, il s’est toujours efforcé d’être un signe de lumière et d’espérance pour son peuple, avec un souci constant d’annoncer le Christ comme source de vie véritable.

Son épiscopat à Thiès a été marqué par des initiatives audacieuses et structurantes. Sous son impulsion, de nombreuses paroisses ont été rénovées ou créées, répondant ainsi aux besoins d’une population chrétienne en constante expansion. Il a aussi renforcé la formation des prêtres et des laïcs, conscient que l’avenir de l’Église repose sur une solide transmission de la foi.

Mais l’action de Mgr Guèye ne s’est pas limitée au domaine spirituel. Fin gestionnaire, il a œuvré à la mise en place de projets de développement visant à améliorer les conditions de vie des prêtres, des fidèles et de la population en général. Écoles, centres de santé, initiatives agricoles et structures d’accompagnement social… Son approche pastorale a toujours intégré une vision globale du bien-être humain, alliant foi et engagement concret.

Une nomination qui le dépasse

Si certains aspirent aux plus hautes charges ecclésiastiques, Mgr André Guèye, lui, a toujours préféré se laisser guider par la volonté divine. Lorsqu’il a été nommé évêque de Thiès en 2013, il a accueilli cette mission avec obéissance, sans jamais avoir cherché à l’obtenir. Douze ans plus tard, l’histoire se répète.

Sa nomination comme archevêque de Dakar est une reconnaissance de son travail, mais aussi un appel à une nouvelle étape de son ministère. L’archidiocèse de Dakar, siège métropolitain de la province ecclésiastique, est un terrain exigeant où se jouent à la fois les enjeux religieux, sociaux et interreligieux. Dans un pays à majorité musulmane, où le dialogue islamo-chrétien est une nécessité vitale, l’archevêque de Dakar est non seulement un guide spirituel pour les catholiques, mais aussi une figure de référence pour la société tout entière.

Avec son tempérament jovial, mais efficace, Mgr Guèye semble bien outillé pour cette mission. Son style pastoral, fondé sur l’écoute et la proximité, sera sans doute un atout majeur dans ce nouveau rôle. Il devra cependant faire face à des défis de taille : la pauvreté, la perte des valeurs, la nécessité d’une nouvelle évangélisation, la consolidation des institutions ecclésiales et l’accompagnement des jeunes dans un contexte économique et social incertain.

Un rôle clé dans les relations avec l’État

Être archevêque de Dakar, c’est aussi occuper une position d’influence dans les relations entre l’Église et l’État. Le Sénégal, pays de tradition laïque mais profondément marqué par la religion, a toujours entretenu un dialogue étroit avec les autorités ecclésiastiques.

Mgr André Guèye, connu pour son franc-parler mesuré et sa capacité à construire des ponts, devra naviguer avec sagesse dans ce paysage politique et institutionnel. L’Église catholique, bien que minoritaire, joue un rôle essentiel dans l’éducation, la santé, le développement et la promotion des valeurs éthiques. Son leadership sera scruté, notamment sur des questions sociales et morales, où la voix de l’Église est souvent attendue.

Le contexte politique sénégalais, parfois marqué par des tensions et des débats sur la gouvernance, la justice sociale et les droits humains, exigera de lui une posture à la fois prophétique et diplomatique. Comme ses prédécesseurs, il devra veiller à préserver l’indépendance de l’Église tout en maintenant un dialogue constructif avec les autorités.

Un héritage et une continuité

Mgr Benjamin Ndiaye laisse derrière lui un diocèse structuré et dynamique. Son engagement en faveur de la transmission de la foi, de la paix et du dialogue interreligieux a marqué son épiscopat, et il passe le relais à un homme de la même trempe. Mgr André Guèye n’arrive donc pas en terre inconnue. Il connaît bien Dakar, ses réalités et ses défis, et pourra s’appuyer sur l’expérience acquise à Thiès pour poursuivre l’œuvre entreprise par ses prédécesseurs.

Au-delà des structures, c’est surtout le cœur des fidèles que le nouvel archevêque devra toucher. Dans un monde en quête de repères, où la foi est souvent reléguée au second plan, il lui reviendra de redonner un souffle missionnaire à l’Église de Dakar. Cela passera par une pastorale renouvelée, une attention particulière aux jeunes et aux familles, et une capacité à faire entendre une parole d’espérance face aux épreuves du quotidien.

Un pasteur selon le cœur de Dieu

Mgr André Gueye est de ces hommes qui, loin de rechercher les honneurs, se laissent porter par la grâce de Dieu. Son parcours témoigne d’une fidélité sans faille à l’Évangile et à l’Église. Il avance sans ambition personnelle, sans calcul, mais avec une seule préoccupation : servir.

Son accession au siège archiépiscopal de Dakar est le fruit de cette attitude d’abandon et de disponibilité. Il aurait pu rester dans l’ombre, continuer son travail à Thiès sans jamais aspirer à autre chose. Mais l’Église, par la voix du Pape François, a vu en lui le berger qu’il faut pour guider le peuple de Dieu à Dakar.

Désormais, une nouvelle page s’ouvre pour lui, et avec elle, de nouvelles responsabilités. Mais si l’on se fie à son parcours, une chose est sûre : il assumera cette mission avec la même humilité, la même ardeur et le même amour du Christ qui l’ont toujours habité.

Il n’a jamais rien demandé. Mais Dieu lui confie toujours davantage.

Prions pour Mgr Benjamin et Mgr André ! 

Abbé Albert SÈNE