Dans son homélie pour le 17ème dimanche du Temps ordinaire,
célébré hier, l’abbé Eugène Antoine Diouf, curé de la paroisse Épiphanie du Seigneur de Nianing, aborde de front les défis contemporains de l’Église.
Conjuguant l’actualité brûlante des récentes profanations de l’église Sainte Agnès de Rufisque avec la célébration de la Journée mondiale des grands-parents, il livre un message d’espoir et de résilience.
Face aux attaques contre la foi à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques Paris 2024, le père Diouf appelle à une réponse empreinte de sagesse et d’amour, tout en réaffirmant la place cruciale des aînés dans notre société. Une réflexion profonde sur le miracle de la multiplication des pains vient couronner ce plaidoyer pour l’unité et le partage au sein de la communauté chrétienne.
Paroisse Epiphanie du Seigneur de Nianing Dimanche 28-07-2024
17ème dimanche du Temps Ordinaire / Année B
Textes : 1ère lecture : 2 R 4, 42-44 ; 2ème lecture : Ep 4, 1- 6; Ev : Jn 6, 1-15
HOMELIE
On les appelle « Maam » « Maam boy » ; « caaci » : « caac koor » « caac tew », c’est-à-dire grand père, grand-mère. Ce dimanche 28 juillet, nous célébrons la quatrième Journée mondiale des Grands-parents et personnes âgées, instituée par le Pape François à l’issue de l’Angélus du 31 janvier 2021 : « J’ai décidé d’instituer la Journée Mondiale des Grands Parents et des personnes âgées, qui aura lieu chaque année dans toute l’Eglise, le quatrième dimanche de Juillet, vers la fête des Saints Joachim et Anne, les « grands parents » de Jésus ».
Dans un monde où se multiplient les conflits de génération ; dans un monde de plus en plus dominé par la « culture du déchet », laquelle ne se limite pas seulement à « jeter » bien des choses, mais aussi à ignorer et exclure les personnes âgées, porteuses de handicap et enfants à naître, entre autres, au travers d’une indifférence qui ne dit pas son nom, le message du Pape François se présente comme une supplication à Dieu empruntée au psalmiste : « Ne m’abandonne pas dans la vieillesse » (Ps 70, 9). Dans un pays comme le nôtre où l’on parle de plus en plus d’alternance générationnelle, surtout en matière politique, la tendance et le danger de vouloir « balayer » tout ce qui est ancien au prétexte qu’il faut du sang neuf, apparaît comme une injustice doublée d’une offense à la mémoire de notre peuple.
Or, pour le Pape François, « l’opposition entre les générations est une duperie et un fruit empoisonné de la culture et de l’affrontement. Monter les jeunes contre les personnes âgées est une manipulation inacceptable ».
Amadou Hampâté Bâ, grand écrivain africain a dit : « En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». Alors, rendons grâce à Dieu pour les anciens, détenteurs de tant d’expériences et de sagesse acquises à l’école de la vie.
Engageons-nous aujourd’hui encore plus qu’hier à nous tenir à leurs côtés pour leur apporter vigueur et force et bénéficier de leur savoir, leur savoir être et leur savoir-faire. Merci à vous chers grands parents et personnes âgées d’hier et d’aujourd’hui et pardon pour nos indifférences à votre égard.
Continuez d’enrichir de votre sagesse et de votre persévérance, notre humanité devenue pressée et fragile ! Mes frères et sœurs bien aimés, alors que nous célébrons cette Journée Mondiale des Grands Parents et Personnes âgées, nous voici rattrapés comme souvent par l’actualité !
Une actualité qui, pour nous, reste marquée, ces derniers jours, par deux brûlants sujets, qui ont fait beaucoup de mal aux chrétiens que nous sommes : le premier, porte sur la profanation, dans la nuit du 17 au 18 juillet dernier, de l’Eglise Sainte Agnès de Rufisque ; le second, plus récent, nous renvoie à certaines scènes de la cérémonie d’ouverture, le vendredi 26 juillet, des Jeux Olympiques « Paris 2024 », [jour de la célébration de la mémoire liturgique des Saints Anne et Joachim] et cherchant à tourner en dérision, la dernière cène – dernier repas de Jésus avec ses disciples – Et cela, sous la forme d’une parodie reproduisant le tableau de « La Sainte Cène » de Léonard de Vinci par une dizaine d’hommes « travestis »…En un peu plus d’une semaine donc, ou le temps d’une fête sensée rapprocher les peuples, les cultures et les traditions, les chrétiens d’ici et /ou d’ailleurs se sont sentis, à juste titre, blessés, humiliés, piqués au vif dans ce qu’ils ont de plus cher : leur foi en Jésus-Christ, Unique Sauveur du monde !
Face à cette dernière attaque, qui n’est pas la première et qui ne sera malheureusement pas la dernière, la Conférence des Evêques de France a vigoureusement dénoncé ce qu’elle dénomme des scènes de moqueries du Christianisme. Tout est mis en œuvre, en effet, pour jeter le discrédit sur ce que la Sainte Eglise, Notre Mère, croit, enseigne, professe et promeut. La cérémonie «a inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme, ce que nous déplorons profondément (…) Nous pensons à tous les chrétiens de tous les continents qui ont été blessés par l’outrance et la provocation de certaines scènes (…) Nous souhaitons qu’ils comprennent que la fête olympique se déploie très au-delà des partis pris idéologiques de quelques artistes » ont assuré les évêques français !
Mes frères et sœurs en Christ, en plus de blesser la foi des chrétiens que nous sommes, ces deux attaques ont comme autre dénominateur commun de cibler principalement ce qui nous vaut notre rassemblement de ce jour consacré au Seigneur : l’eucharistie, célébration par excellence du mystère pascal et Roi des sacrements.
En effet, en s’attaquant, d’une part, à l’Eglise sainte Agnès de Rufisque, brisant, dans la foulée, la statue de la Vierge Marie, et profanant littéralement les hosties consacrées et conservées dans le tabernacle de cette Eglise, et en tournant en dérision, d’autre part, l’acte par lequel Jésus institua l’eucharistie, ces ennemis de notre foi ont sciemment pris l’option de nous faire mal. Et, il faut bien se l’avouer, ils nous ont bien atteint !
Mais, face à de telles attaques qu’il faut dénoncer, sans jamais tomber dans la généralisation et en n’écartant jamais absolument la possibilité que leurs auteurs soient des gens qui se disent chrétiens…Face à de telles attaques qu’il faut dénoncer, condamner et traduire en justice quand c’est possible, il nous faut, chers amis, prier ! Oui, prier pour que notre foi ne défaille pas du fait de ces attaques. Mais pas seulement. Il faut beaucoup prier pour les auteurs de tels actes odieux !
Et même saisir ces situations douloureuses comme de précieuses occasions pour renouveler notre confiance à Jésus-Christ en n’oubliant jamais la promesse du Christ à Pierre : « Les puissances de la Mort ne l’emporteront pas sur elle (l’Eglise) » et en faisant toujours nôtre cette recommandation de l’Apôtre Pierre aux chrétiens : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. » (1 P 3, 15b -16)
Ref : « Man de xamna si ki ma teg suma ngeum… »
Mais peut-il en être autrement pour des gens qui ne comprennent rien à rien de la foi ? Peut-il en être autrement pour des gens pour lesquels ne compte que la vie d’ici-bas ?
Ah, Si seulement ils avaient compris que c’est l’amour fou de Jésus, qui l’a conduit à se donner en nourriture avant de se donner sur la croix !
Si Seulement, ces détracteurs et ennemis de l’eucharistie avaient compris qu’en se faisant pain rompu, le Christ a voulu donner aux membres de son corps sa propre vie divine ! Si seulement, ils avaient compris que c’est le sacrement auquel ils se sont attaqués, qui se cachait derrière la matérialité du miracle de la multiplication des pains dont parle providentiellement la page d’évangile de ce jour !
Oui, s’ils avaient compris tout cela, alors, ils se mettraient humblement à l’école de ce jeune garçon porteur de cinq pains et deux poissons qui accepta de donner de son peu pour susciter non pas l’abondance, mais la surabondance !
Ainsi, agit notre Dieu, ne faisant jamais tout à notre place, mais nous faisant le privilège de lui présenter joyeusement et généreusement, le travail de nos mains pour rassasier nos corps et combler nos âmes. Et c’est tout le sens des offrandes des fidèles qui ont pour noms : intentions de messe, quêtes, casuel, dîme, geste de solidarité…
Heureux ceux qui savent donner à Dieu et au nom de Dieu, leurs cœurs seront toujours dans la joie et une joie sans fin les attend! Heureux ceux qui savent se donner à Dieu et pour la cause de Dieu, même avec le peu qu’ils ont ou qu’ils peuvent faire, Dieu ne se laissant jamais vaincre en générosité, ne les laissera pas sans récompense !
On mangera et il en restera, déclare le Seigneur ! Et Jésus, distribua aux convives autant qu’ils en voulaient.
Chers amis, le miracle de la multiplication des pains se poursuivra, si du moins, nous acceptons de mettre chacun, à la disposition de tous, le peu que nous avons, que nous savons et que nous pouvons, mais aussi, si nous savons « ramasser les morceaux en surplus pour que rien ne se perde » ; pour que ce qui est bon ne se retrouve pas dans la poubelle ; autrement dit, si nous acceptons de combattre la triste culture du gaspillage, notamment alimentaire. Que le Seigneur nous y aide. Ainsi soit-il !
