La fin de l’année 2021 a été marquée par une vive attaque verbale du président Umaru Cissoko Embalo contre l’évêque de Bissau, Mgr José Lampra Cà, l’invitant à rester à sa place (dans l’église) ou à s’engager en politique. Prenant la défense de l’évêque de Bissau dans une déclaration publique sur sa page Facebook, l’Abbé Augusto Tamba, prêtre du diocèse de Bafata et Coordonnateur de l’association des prêtres diocésains de la Guinée-Bissau, a reçu, depuis lundi dernier, plusieurs menaces d’atteinte contre son intégrité physique de la part de personnes non encore identifiées.
Suite à une audience avec le premier ministre, Nuno Nabian en compagnie d’autres leaders religieux, pour évoquer la situation du pays, le 29 décembre 2021, Mgr José Lampra Cà a exhorté, à la fin de la rencontre, les dirigeants politiques à s’entendre et à renforcer la conviction que la Guinée-Bissau appartient à tous les Guinéens. « La Guinée-Bissau ne peut pas être heureuse si ses fils et ses filles ou les citoyens ne collaborent pas pour développer des comportements moraux irréprochables et aussi pour assumer la responsabilité de pouvoir respecter scrupuleusement les lois du pays », avait-il ajouté. Des propos qui ont dû faire siffler les oreilles du Embalo qui a réagi immédiatement.
« Je ne sais pas si un Évêque fait de la politique. Ce que je sais, c’est que la place d’un Évêque se trouve dans une église et celle de l’imam dans une mosquée. S’ils veulent faire de la politique, ils n’ont qu’à venir nous rejoindre sur le champ politique. Pour moi, les religieux n’ont aucune place au palais de la République… Si Mgr José Lampra Cà veut faire de la politique, il n’a qu’à le faire puisqu’il existe de nombreuses formations politiques qui seraient prêtes à lui trouver une carte de militant », s’est emporté le président bissau-guinéen.
L’abbé Augusto Tamba du diocèse de Bafata et coordinateur de l’association des prêtres diocésains de la Guinée-Bissau a tenu à exprimer à son tour son indignation suite aux propos d’Embaló, à prendre la défense de l’évêque de Bissau et à rappeler la procédure de nomination d’un évêque dans l’Église catholique ainsi que sa mission.
« Si les imams, les prêtres et les pasteurs doivent rester dans leurs mosquées, leurs églises et leurs temples, que fait donc un imam au Conseil d’état ? », se demande-t-il, faisant directement allusion à l’imam de Bafata, Aladje Culabio, nommé par le président Embalo.
Depuis lundi 3 janvier 2022, après la publication de sa mise au point, l’abbé Augusto Tamba a reçu, par téléphone ou à travers les réseaux sociaux, plusieurs menaces d’atteinte contre son intégrité physique de la part de personnes non encore identifiées. Une situation qui l’a obligé a renoncé à un déplacement sur Bissau, jeudi 6 janvier 2022.
Fidespost