Révélation divine, fantaisie, illusion ou mensonge ? Les Nouvelles Normes de l’Église catholique pour évaluer les apparitions et les visions

Les « Normes Procédurales pour le Discernement de Phénomènes Surnaturels Présumés » , publiées le vendredi 17 mai entrent en vigueur ce dimanche de Pentecôte, 19 mai 2024. Un document essentiel de l’Église catholique, initialement publié en 1978 sous le pontificat de saint Paul VI. Révisé et mis à jour en 2024, il vise à fournir des directives claires pour évaluer les phénomènes qui semblent transcender l’expérience humaine ordinaire, comme les apparitions, visions et messages d’origine présumée divine. Ces normes sont particulièrement pertinentes pour les fidèles catholiques, car elles visent à protéger la foi, à guider le discernement spirituel, et à promouvoir une dévotion saine.

Présence de l’Esprit Saint



Le document commence par souligner que Dieu agit dans notre histoire à travers l’Esprit Saint, qui peut se manifester par des événements surnaturels tels que les apparitions du Christ ou de la Vierge Marie. Ces manifestations ont souvent produit des fruits spirituels significatifs, renforçant la foi et la dévotion des fidèles. Par exemple, les apparitions mariales de Lourdes en 1858 et de Fatima en 1917 ont donné naissance à des sanctuaires majeurs, attirant des millions de pèlerins chaque année et nourrissant la spiritualité de nombreux croyants.



Nécessité des Normes

Toutefois, certains événements présumés surnaturels peuvent causer des problèmes graves, tels que des abus de pouvoir, des manipulations, ou des fraudes. Ainsi, l’Église a besoin de procédures claires pour discerner ces phénomènes. Les Normes de 1978, bien qu’utiles, ont montré des limitations, notamment des délais excessifs dans la prise de décision, ce qui a conduit à leur révision et mise à jour en 2024.

Processus de révision



La révision des normes a débuté en 2019 sous la supervision de l’ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Après plusieurs consultations, le nouveau projet de document a été approuvé par le Saint-Père le 4 mai 2024 et est entré en vigueur le 19 mai 2024, lors de la solennité de la Pentecôte. Ce nouveau texte met particulièrement en avant le rôle de l’évêque diocésain et du Dicastère pour la Doctrine de la Foi dans le discernement des phénomènes surnaturels présumés.



Six déterminations prudentes



Les nouvelles normes proposent six conclusions possibles pour guider la pastorale des événements d’origine surnaturelle présumée :



  1. Nihil obstat (Rien ne s’oppose)

Indique qu’aucune certitude n’est exprimée quant à l’authenticité surnaturelle du phénomène. Cependant, de nombreux signes d’une action de l’Esprit Saint « au milieu » d’une expérience spirituelle donnée sont reconnus et aucun aspect particulièrement critique ou risqué n’a été détecté. Par exemple, une apparition présumée de la Vierge Marie qui inspire des conversions sans contenir d’éléments contraires à la foi pourrait recevoir cette classification.



2. Prae oculis habeatur (À garder à l’esprit)

Recommande une attention particulière aux éléments positifs tout en restant vigilant sur les risques. Par exemple, une vision qui encourage la prière mais présente quelques incohérences théologiques mineures pourrait nécessiter une vigilance accrue et des clarifications doctrinales.



3. Curatur (À traiter)

Identifie plusieurs éléments critiques ou significatifs liés au phénomène, tout en reconnaissant une large diffusion et des fruits spirituels vérifiables. Un cas où les visions incitent à une dévotion excessive à une image particulière sans fondement doctrinal solide pourrait être classé ainsi, conseillant de réorienter le phénomène.



4. Sub mandato (Sous mandat) 

Indique que les points critiques ne sont pas liés directement au phénomène, mais à la gestion ou à l’utilisation abusive par certaines personnes. Par exemple, une expérience spirituelle utilisée pour obtenir un avantage financier indu nécessiterait une direction pastorale stricte.



5. Prohibetur et obstruatur (À prohiber et à obstruer)


Utilisé lorsque les points critiques et les risques associés au phénomène sont jugés sérieux, malgré quelques éléments positifs. Par exemple, une apparition alléguée qui contredit clairement les enseignements de l’Église devrait être déclarée inadmissible publiquement pour éviter la confusion.

6. Declaratio de non supernaturalitate (Déclaration de non-surnaturalité)

Permet de déclarer officiellement que le phénomène n’est pas d’origine surnaturelle, fondée sur des faits et des preuves concrètes. Par exemple, des visions revendiquées par un individu qui admet plus tard avoir menti justifieraient une telle déclaration.



Importance de l’Esprit Saint



Le document souligne que la plupart des sanctuaires n’ont jamais eu besoin d’une déclaration de « supernaturalité » pour être des lieux de dévotion populaire. L’implication de l’évêque et du Dicastère permet de reconnaître et de guider les actions de l’Esprit Saint tout en évitant les erreurs doctrinales ou les manipulations.



Procédures claires



Les nouvelles normes établissent des procédures claires pour les enquêtes et les évaluations des phénomènes présumés surnaturels, y compris la formation de commissions d’enquête. Ces commissions doivent comprendre au moins un théologien, un canoniste, et un expert en fonction de la nature du phénomène. Leur objectif est de mener une enquête rigoureuse et impartiale, assurant que tous les aspects du phénomène sont examinés de manière exhaustive.


Les « Normes Procédurales pour le Discernement de Phénomènes Surnaturels Présumés » sont un outil essentiel pour l’Église catholique afin de gérer avec soin et discernement les manifestations spirituelles présumées. Elles offrent un cadre structuré pour protéger la foi, guider les fidèles, et promouvoir une dévotion saine.

Fidespost

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