Toi Prêtre Sénégalais,
Ta fraîche mémoire célèbre les hérauts de l’Evangile et les héros de la mission, tombés dans les contrées du Sénégal, vaste champ du Seigneur. Usés par le labeur pastoral, atteints par la contingence humaine, traversant les aléas de cette vie rose et rocailleuse, ces hommes vêtus de blancs, tachés par la sueur du sacrifice, endossant la lourdeur de la Croix glorieuse, savourant tout de même les douceurs de la miséricorde humano-divine, n’ont de mérite que de rester inoubliables dans les annales de notre histoire religieuse et bienheureux dans nos souvenirs. Dans l’au-delà, marqués du sceau de la vie éternelle, immergés dans le bain du salut, qu’ils soient tous couronnés d’étoiles qui brillent sans déclin sur terre comme au ciel.
Toi Prêtre Sénégalais,
Ton esprit lucide contemple jour et nuit cette robe masculine, aux couleurs variées, sillonnant les artères de nos villes et villages, visitant les âmes, affrontant les réalités de l’existence, toujours au service de la promotion humaine. Saisi de compassion et de solidarité, Il mesure la souffrance humaine, sensible à la misère, à la douleur et aux besoins multiformes de nos contemporains. Ton esprit clairvoyant scrute les signes des temps, trace en chaque zone de mission des défis, telle une sentinelle de la « téranga », naviguant sur les côtes du « Suñugaal », au large de nos diocèses, en quête de paix, de justice, de vérité, de prospérité et d’amour. Il voit ces ouvriers talentueux, ces sains témoins, ces braves médecins des corps et des âmes, ou simplement ces hommes de Dieu qui mouillent le maillot, inventent sans cesse la vie pastorale et l’agrémentent d’œuvres merveilleuses pour le bien des fidèles du Christ. Tapis à l’ombre du zèle pastoral et de l’effort missionnaire, qu’ils reçoivent l’action de grâces de ceux qui, toutes confessions confondues, de près ou de loin, explicitement ou implicitement, ressentent à leur égard une infinie reconnaissance et une grande fierté.
Toi Prêtre Sénégalais,
Ton corps est plein de vitalité, de jeunesse, de chaleur humaine. Sur le tronc de ton arbre encore florissant, se dégagent des branches aussi vertes que mortes et dont la sève nourricière est la fraternité. Ton corps respire le brassage des cultures et des générations, entonnant ensemble le cantique de la joie sacerdotale autour de la concélébration eucharistique et de la table de la convivialité. Il est beau en ces processions solennelles, acclamées par le Peuple de Dieu; noble par sa consécration et sa configuration au Christ, Grand Prêtre par excellence; respectable par ses vertus, honorable par ses initiatives ainsi que son engagement ecclésial et social. Si riche en potentialités et profils, en dépit de ses membres souffrants et défaillants, enclins aux difficultés du temps présent, ce corps aspire pourtant à l’unité, à l’autonomie et à la sainteté du clergé sénégalais. Qu’il est sacré ce corps de confrères à bâtir et à affermir!
Toi Prêtre Sénégalais,
Ton intelligence, illuminée par l’Esprit Saint, parle à ce monde et à notre société désagrégés en faisant résonner la voix de Dieu. Ton expérience spirituelle, ton capital humain, ton parcours sacerdotal, ton vécu quotidien, constituent un livre ouvert aux chercheurs de Dieu.
Ton âme sacerdotale est vouée à la divine loi qu’elle murmure chaque jour comme une lampe sur la route des frères et sœurs en humanité.
Ton cœur paternel, parfois martyrisé, engendre et couve tant de fils spirituels. Il est un trésor qui procure assurance et consolation aux gens du monde.
Et maintenant, oint et béni de Dieu, semence du Verbe incarné, distributeur agréé des grâces sacramentelles, connais-toi, reconnais ta valeur et partage tes dons.
Pour le restant de tes jours, conscient de tes limites, célèbre ton Dieu, chante la vie, incarne l’amour, rêve pour ton Église et prie pour ton pays.
Ainsi seras-tu « ipse Christus » et « christophore » pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
Ad multos annos !
Abbé Jean Noël DIOUF
Vicaire à Ndiaganiao