« Le Synode sur la Synodalité ne se fait pas encore tout à fait sentir au Sénégal », selon un référent diocésain

Secrétaire général du synode diocésain de Kolda et référent du diocèse de Kolda pour le synode sur la synodalité, Abbé Séraphin-Raphaël Ntab observe que le Synode sur la synodalité, lancé depuis les 9 et 10 octobre 2021, au Vatican, tarde « à se faire sentir au Sénégal ». Il espère, toutefois, que les fidèles pourront bientôt « vivre pleinement cette expérience ». Abordant l’une des questions majeures de ce synode, à savoir, la coresponsabilité dans la mission, le référent du diocèse de Kolda estime qu’il est « urgent que le chrétien sénégalais soit davantage formé quant à son identité et son rôle dans l’Église ». « Une fois ce défi gagné, nous aurons une Église plus belle et plus forte dans la diversité de ses membres », soutient-il. L’intégralité de l’entretien qu’il a accordé à Fidespost.

Vous êtes le Secrétaire Général du Synode diocèse de Kolda. Comment se déroule-t-il ? A quel niveau êtes-vous ?

Le diocèse de Kolda est en synode depuis le 26 janvier 2020, et ce, jusqu’en 2022. Ce grand « cri de rassemblement » autour de questions inhérentes à la vie de notre Église diocésaine a été lancé par Son Excellence Monseigneur Jean-Pierre Bassène qui, après vingt années à la tête de ce diocèse né du démembrement de celui de Ziguinchor, a jugé opportun de s’arrêter afin de voir « ce qui a été fait, ce qui se fait et ce qui devrait se faire pour le bien spirituel, humain et matériel » du chrétien du Fouladou, du Balantacounda et du Pakao. C’est donc pour lui, une manière de revisiter le passé de notre diocèse, d’en apprécier le présent afin d’en envisager l’avenir. Rendu à sa phase de consultation, nous devons à la vérité de reconnaître que ce projet ne va pas sans difficulté. En effet, le grand enthousiasme noté çà et là ne cache que très mal ce qui me paraît, à tout le moins, une lourdeur aussi bien de la part de membres du clergé que de fidèles laïcs, nombre des dernières cités ayant craint, en un moment donné, que ce projet, qui les touche pourtant de très près, se résume à un entre-soi de quelques prêtres, religieux-ses et fidèles laïcs. Mais notre marche se poursuit, sereine et pleine d’espérance. Voilà qui explique la prorogation du délai de clôture de la phase de consultation en cours. Le but poursuivi est de « donner la parole à tous », autrement dit, de permettre au plus grand nombre de se pencher sur le questionnaire qui accompagne les lineamenta et dont l’analyse sera déterminante pour la phase successive, c’est-à-dire celle de célébration. Nous avons bon espoir qu’avec l’implication et la participation de tous et de chacun, l’Esprit Saint, toujours à l’œuvre, conduira ce projet d’Église jusqu’au bout, avec les résultats escomptés.

Au niveau universel, le Pape François a lancé les 9 et 10 octobre un synode sur la synodalité. Plus d’un mois après, peut-on dire que l’Église du Sénégal est bien lancée dans le processus ?

Le synode sur la synodalité, que vous évoquez, bat son plein. Mais ce n’est pas médire que d’affirmer qu’il ne se fait pas encore tout à fait sentir chez nous, au Sénégal. Les appels du Secrétaire général de la Conférence épiscopale, en l’occurrence l’abbé Augustin Thiaw, qui a reçu mission de coordonner la phase diocésaine de ce processus de grande envergure, en collaboration avec les référents diocésains, tardent à rencontrer un écho des plus favorables. La réunion tenue le mardi 23 novembre dernier autour de quelques membres du Secrétariat général du Synode des Évêques, à Rome, et à laquelle le Sénégal a été invité, nous aura permis de prendre la mesure du travail encore à abattre pour gagner le défi de la synodalité qui dit l’Église dans sa plus belle expression. L’un ou l’autre laïc n’a pas manqué de nous faire sentir son désir ardent que ce synode, déterminant pour le présent et l’avenir de l’Église, prenne chair et se vive concrètement au Sénégal. Je ne peux qu’espérer que ce souhait, exprimé par plus d’un, de vivre pleinement cette expérience particulière d’Église, nous amène à donner le meilleur de nous-mêmes pour une Église toujours plus synodale.

L’un des grands pôles de cette grande consultation synodale est la coresponsabilité dans la mission. Qu’entend-on par cette expression ? Peut-on dire que le chrétien sénégalais assume vraiment la responsabilité qui lui est propre dans la mission de l’Église ?

Oui, la coresponsabilité dans la mission tient une place importante dans le processus synodal. En réalité, c’est une façon pour le Saint-Père de rappeler à chacun son rôle et sa place irremplaçables dans l’Église. En d’autres termes, il ne saurait exister de chrétiens de seconde zone. L’Église est l’affaire de tous les baptisés. Par conséquent, chacun de nous en est responsable à son niveau. Responsabilité commune (coresponsabilité) et mission commune sont donc intrinsèquement liées. À mon avis, il y a beaucoup à faire à ce niveau. L’on ne peut assumer pleinement une responsabilité qu’on ignore. Voilà pourquoi il est urgent que le chrétien sénégalais soit davantage formé quant à son identité et son rôle dans l’Église. Une fois ce défi gagné, que le chrétien sénégalais aura compris que l’Église n’est pas que l’affaire des consacrés et qu’il y a son mot à dire et sa prière à apporter, nous aurons une Église plus belle et plus forte dans la diversité de ses membres. Coresponsabilité dans la mission et style pastoral! Voilà un des points majeurs qui émergent de l’esprit du synode sur la synodalité. En réalité, une « conversion pastorale » s’impose pour aller dans le sens d’une pastorale plus inclusive et plus  participative. Malgré les nombreux efforts consentis dans ce sens, il y a encore quelques parcelles en friche. L’instruction sur la « conversion pastorale », publiée en juillet 2020, par la Congrégation pour le Clergé, nous invitait déjà à y réfléchir.

Propos recueillis par Fidespost

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