Le Frère Martin Ndiaye, religieux sénégalais de la Congrégation des Frères de Saint Joseph plaide pour une humanisation de l’émigration. D’après lui, « pour solutionner ce qui est irrégulier, il suffit de le rendre régulier, dans le respect de l’être humain ». Interpellant les gouvernants qu’il invite à signer des « accords de coopération gagnant-gagnant », il les interroge : « Combien de demandes de visa, par les jeunes, sont rejetées au niveau des ambassades ? Ces jeunes ont-ils moins de dignité que les occidentaux qui remplissent nos plages ? ».
Dans un contexte de pandémie liée à la COVID-19, qui s’est manifestée au Sénégal le 3 mars 2020, le phénomène de l’émigration irrégulière des années 2006 a refait surface, chez nous et ailleurs en Afrique, entrainant de nombreuses victimes. Cette recrudescence de la migration non formelle fait couler beaucoup d’encre et de salive. On se jette la pierre ; on s’interroge sur le pourquoi et l’on cherche le comment.
Le but de ma modeste contribution dans ce concert n’est pas de théoriser sur la migration. Il s’agit plutôt, pour moi, d’insister particulièrement sur le respect au droits humains.
Mais au fait, qui sont les protagonistes dans la situation migratoire en question ? On cite, pêlemêle, les jeunes, les familles, la pression sociale, les Gouvernants, l’Afrique et l’Occident. En tous les cas, le vécu et l’agir que nous en observons sont aux antipodes non seulement de l’Enseignement de l’Eglise, mais aussi de la Déclaration universelle des droits de l’homme. En effet, d’un côté, l’article premier de celle-ci stipule que « Chacun peut se prévaloir tous les droits et toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration… » De l’autre côté, le Concile Vatican II réaffirme que « Il n’existe pas d’inégalité dans le Christ et dans l’Eglise en raison de la race, de la condition sociale ou du sexe. » (Lumen Gentium n 32).
Or, que constatons-nous ?
Le droit à la mobilité, au voyage régulier est accordé à certains mais pas à d’autres. La migration étant un mouvement volontaire d’individus, de leur pays vers un autre, convenons alors que les occidentaux sont les premiers migrants en Afrique. Eux en Afrique, sont appelés des expatriés, nous en Occident, sommes appelés des immigrés. Que comprendre ! Bref, « Tous et partout ont à se convertir » (Ac 17,30).
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Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, au nom du respect du droit à la vie et de la dignité humaine, arrêtaient les voyages suicidaires vers l’Europe à bord de pirogues ;
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Croyez-en vous et à votre pays. Lors de sa visite au Sénégal, le Pape Jean Pau 2 déclarait : « L’homme veut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a. »
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Parents et proches, que le souci de subvenir aux besoins matériels de la famille ne vous fasse plus pousser les jeunes vers des voyages périlleux ;
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Gouvernants, face à ce phénomène de la migration irrégulière, prenez vos responsabilités, dans tous les domaines de la bonne gouvernance, pour trouver des solutions satisfaisantes qui respectent la dignité humaine.
Dans les années 58, les Africains réclamaient l’indépendance. C’était le droit à l’autodétermination. Ils aspiraient et ils aspirent aujourd’hui à un mieux-être. En ce temps-là, s’étaient levés d’authentiques patriotes pour conquérir une indépendance vraie. On les a surnommés après, les pères de la nation. Certains y ont même laissé leur vie, d’autre y sont parvenus par des négociations honnêtes. Maintenant que nos pays africains ont atteint la « souveraineté internationale », chers gouvernants, vous mériterez le nom de « veilleurs sur l’indépendance », si seulement vous signez des accords de coopération « gagnant-gagnant », visant le développement intégral des fils du pays a vous confié par mandat. Pour solutionner ce qui est irrégulier, il suffit de le rendre régulier, dans le respect de l’être humain. Combien de demandes de visa, par les jeunes, sont rejetées au niveau des Ambassades ? Ces jeunes ont-ils moins de dignité que les occidentaux qui remplissent nos plages ?
Frère Martin NDIAYE.
