Méditation Pentecôte 2020: la Vie dans l’Esprit Saint (Abbé René Mbagnick Ngom)

En ce jour de Pentecôte, Abbé René Mbagnick Ngom, prêtre de l’Archidiocèse de Dakar et vicaire à la paroisse François Xavier de Fadiouth, propose une médiation sur la vie dans l’Esprit Saint.

« Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse agir » (Ga.5, 25).

Frères et sœurs bien aimés en Christ, nous voici, cinquante jours après la Résurrection de notre Seigneur Jésus, fondement de notre foi chrétienne, au terme du temps pascal avec la fête de la Pentecôte inaugurant la naissance de l’Eglise. En effet, le Christ ressuscité proclamé comme Seigneur de gloire, après avoir achevé sa mission sur la terre et retourné vers le Père, a envoyé le Paraclet qu’Il avait promis, l’Esprit de Vérité de manière spectaculaire, le jour de la Pentecôte : « Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent ; la maison où ils étaient assis fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’entre eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » (Ac.2, 2-4). Ce jour-là, l’Eglise dont le Christ a posé les fondements pendant sa vie et à travers le témoignage de sa mort et de sa résurrection est née. Nous pouvons donc dire que c’est dans l’Esprit que nous sommes chrétiens. Car comme nous le dit Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, « personne n’est capable de dire que Jésus est Seigneur sinon dans l’Esprit Saint » (1Co.12, 3).

Historiquement, la Pentecôte qui signifie en grec cinquantième, était avec la fête de la Pâque et celle des Tabernacles, une des trois principales fêtes dont la solennité durait sept jours consécutifs chez les Juifs. On l’appelle aussi « fête des semaines ».

En ce jour merveilleux, la Parole de Dieu, nous fait redécouvrir que, dans sa souveraineté, l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité Sainte, agit en toute liberté et atteint au plus profond de son être, celui qui se dispose à l’accueillir. Extrêmement puissant, Il pénètre l’humanité de ses divers dons et fruits. Cela doit nous faire prendre conscience, aujourd’hui plus que jamais, que Dieu nous communique sa grâce lorsque nous sommes unis dans la prière, la charité et dans la confiance en l’efficacité de l’Esprit Saint dans nos vies, à l’instar des disciples réunis au cénacle dans l’attente du « Défenseur » promis. A nous envoyé par Dieu, l’Esprit Saint porte en lui-même les remèdes contre la peur, l’égoïsme et toutes les autres carences inhérentes à notre fragilité humaine. En fait, « Le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga.5, 22-23).

Dans tout cœur que l’Esprit de Pentecôte brûle de sa présence, il dissipe l’engourdissement du froid et excite le désir ardent de son éternité. Saint Jérôme va même jusqu’à faire une belle comparaison entre les sept dons de l’Esprit et les sept propriétés du feu. « Ainsi, dit-il, comme le feu purifie les corps, liquéfie la cire, embellit les métaux, durcit la brique, soulève les vapeurs, éclaire les lampes et adoucit les aliments ; de même le Saint Esprit purifie les cœurs, les attendrit par le don de piété, les décore par le don de science, les affermit par le don de force, les élève par le don de conseil, les éclaire par le don de l’intelligence et les adoucit par le don de sagesse ». En outre, pour paraphraser Saint Grégoire le Grand, nous pouvons affirmer sans ambages que l’Amour divin que produit le Saint Esprit n’est jamais oisif, et il accomplit de grandes choses partout où il est. En vérité, « à chacun est donné la manifestation de l’Esprit en vue du bien » (1Co.12, 7).

Que retenir donc de cette solennité de la Pentecôte en tant que baptisés et témoins du Ressuscité dans le contexte de notre monde actuel ? D’emblée, « retenons que l’acte de croire est toujours le fait d’un engagement de notre liberté » comme le souligne Bernard Sesboüe(in Croire. Initiation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXI° siècle. Droguet & Ardant, Paris 1999, P.12). De ce fait, chacun doit se préparer personnellement à recevoir chaque jour le Saint Esprit. Cependant nous ne devons pas perdre de vu que l’Esprit nous est donné pour bâtir l’unité de l’Eglise dont tous nous sommes membres ; « tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit » (1Co.12, 13). C’est un impératif donc, pour chaque membre du corps que nous formons, selon la diversité des vocations, d’apporter sa pierre à l’édifice. C’est aussi un impératif pour chaque croyant, de sortir de la torpeur que nous opposent les contradictions et le mensonge de ce monde, pour annoncer avec justesse que Dieu a vaincu le monde en son Fils Ressuscité qui nous apporte la paix et la délivrance : « La Paix soit avec Vous…. Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés ils lui seront remis ».

L’Esprit nous est donné pour nous transformer de l’intérieur. C’est dans l’Esprit que nous prions car « l’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il le faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous » (Rm.8, 26). C’est là un appel à revoir notre manière de prier qui fait parfois dans exhibition pour revenir à l’humilité et même à la simplicité dans notre manière de vivre notre relation à Dieu, dans un élan permanent de conversion.

Bien entendu que l’Esprit ne vient pas prier à notre place, mais Il se joint à notre esprit pour l’éclairer et le soutenir. C’est dans l’Esprit que nous aimons et que nous expérimentons la miséricorde envers tous. Après que le Saint Esprit nous ait embrasé de ses feux et illuminé de sa clarté, nous devons désormais ébranler le monde en le soumettant au commandement de l’Amour de Dieu et du prochain. Cela passe par notre obéissance aux préceptes du Seigneur. C’est ainsi que nous pourrons accomplir à notre tour, à la suite des Apôtres, cet oracle du Psalmiste : « leur voix a retentit par toute la terre et leur parole a pénétré jusque dans les plus lointaines contrées » (Ps.18, 5). Oui après avoir été rachetés par le Christ, nous avons reçu la loi de l’Amour, l’Esprit de vérité. Alors comme nous y appelle l’Apôtre Paul, « n’éteignons pas l’Esprit » (1Th.5, 19). Ainsi, nous pourrons être de vrais ambassadeurs de la joie, de la paix et de la vie que donne à profusion le Ressuscité à ceux qui écoutent et gardent sa Parole.

En ce jour de fête et de joie, louons le Seigneur en reconnaissant avec le Psalmiste qu’Il « renouvelle la face de la terre ».

Nous ne saurions finir notre méditation sans évoquer, la bienfaisante intercession de notre Dame de la Délivrande qui, chaque année voyait des milliers de pèlerins de la Province Ecclésiastique de Dakar affluer à ses pieds à Popenguine. De plus, la providence a voulu que cette solennité de la Pentecôte coïncide avec la clôture du mois de rosaire. Nonobstant le contexte de cette crise sanitaire liée au Covid 19, nous serons en communion de prière les uns avec les autres dans l’esprit du thème de cette année à savoir : «Sainte Vierge Marie, montre-nous le chemin de la sainteté ». « Dans la tourmente actuelle la Vierge Marie se donne encore comme modèle. Dans la discrétion du cénacle, elle prie avec nous et pour nous. Comme au pied de la croix, elle partage notre souffrance. Notre vie chrétienne se veut échos de son oui à Dieu, en vue de la cité céleste » (lettre circulaire de la 132e édition du pèlerinage marial de Popenguine du 22 Mai 2020) 

Cultivons tous ce désir de sainteté véritable en laissant l’Esprit qui est notre vie nous conduire. Car si l’Esprit nous anime, nous agirons dans la liberté des enfants de Dieu (cf. Ga.5, 18). Ainsi avec le Christ, nous régnerons sur la terre mais aussi avec Lui dans la gloire. Seigneur Ressuscité, daignez répandre sur votre Eglise et sur le monde le Souffle vivifiant de votre Esprit.

« Viens Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous père des pauvres, viens dispensateur des dons, viens lumière de nos cœurs » (Extrait de la séquence de Pentecôte).

ABBE RENE MBAGNICK NGOM

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