Homélie : Les biens extérieurs passent, mais Dieu demeure éternellement (Abbé Augustin Thiaw)

Pour nourrir votre méditation, Fidespost vous propose l’intégralité de l’homélie de l’Abbé Augustin Thiaw, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Sénégal, pour le 6ème dimanche du Temps Ordinaire de l’Année liturgique C, célébré le 13 février 2022.

Mes chers frères et sœurs en Jésus-Christ, les textes sacrés que nous venons d’accueillir en ce dimanche nous rejoignent dans ce qui est notre quête quotidienne, notre aspiration la plus profonde, pour nous indiquer le meilleur chemin à emprunter ou la meilleure attitude à adopter, pour ne pas nous tromper de choix et nous perdre.

En effet, dans la vie humaine, la quête du bonheur et de la vie est une aspiration existentielle. C’est un désir partagé par tous, hommes et femmes, adultes, personnes âgées, jeunes et moins jeunes, malades et bien portants ; c’est un désir qui mobilise beaucoup d’énergies chez l’homme, à tel point qu’il engendre, par moments, des dérives, des déviations, du point de vue relationnel, affectif, mais aussi spirituel. Certains, pour être heureux, décident de s’allier à d’autres personnes comme eux, pour être forts et sécurisés. D’autres, par contre, choisissent d’attacher leur cœur et leur esprit au pur matériel, à l’argent, aux biens terrestres, au confort extérieur, au point d’être esclaves même de son entourage ou du confort dans lequel ils vivent. D’autres encore font recours à des pratiques occultes, pour mieux entrevoir l’avenir qui leur est réservé, afin d’anticiper sur les événements. Autant de dérives qui, à coup sûr, enferment l’homme dans ses suffisances et, de surcroît, l’empêchent d’être épanoui. En outre elles voilent la clarté de son cœur, l’empêchant de voir en l’autre, le frère ou la sœur dont il doit se soucier également de son bonheur, sans compter le fait qu’il se détourne de Dieu.

C’est devant une pareille situation si dramatique, que la Parole de Dieu de ce 6ème Dimanche du Temps Ordinaire de l’Année Liturgique vient à nous, pour nous secouer et nous convier à la conversion.

Le Prophète Jérémie et l’auteur du Psaume 1 abordent la même thématique. Ils nous décrivent deux situations : celle heureuse de l’homme qui a mis sa foi et sa confiance en Dieu, et celle malheureuse, dramatique, de l’homme qui s’est confié à un mortel, mettant sa vie entre les mains de celui-ci. Ainsi, à travers un langage imagé, mais très accessible, les auteurs sacrés que nous venons d’écouter réaffirment que toute vie et tout bonheur véritables, en ce monde, trouvent sa source en Dieu et rien qu’en Dieu. Tout donc repose sur la confiance que nous mettons en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, le Sauveur du monde. C’est ce qu’il y a de plus important dans notre vie chrétienne, car être croyant, de surcroît être chrétien, c’est s’engager de tout son cœur, de toute son âme, de tout son être, à marcher derrière le Christ Jésus, en lui confiant tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons. Lui, le Chemin, la Vérité et la Vie, saura nous procurer le bonheur au-delà de nos attentes.

« Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance (…) Maudit, soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur », nous dit le prophète Jérémie. Mes chers frères et sœurs, nous le savons tous. Le monde dans lequel nous vivons est très complexe. Au quotidien, nous sommes confrontés à des difficultés et inquiétudes de tout genre. Parfois même, nous avons l’impression qu’en tant que croyants, nous perdons notre temps, ou mieux, nous sommes dans une torpeur qui tarde à finir, tant les événements nous bouleversent et l’impatience de voir nos vœux et prières adressées à Dieu nous gagne. Devant une telle situation qui affecte, par moments, notre vie de foi, laissons-nous toucher par l’enseignement de Jésus dans l’Évangile. Comme disciples du Christ, notre existence revêt un signe de contradiction, à la suite de Jésus lui-même. Il déclare heureux les pauvres, les affligés, les laisser pour compte. Il nous enseigne ainsi que le bonheur et la vie terrestres ne sont pas une fin en soi. Ils doivent être accueillis et vécus comme un don de Dieu, dans la perspective du bonheur et de la vie éternelle, dans l’au-delà où toute larme sera essuyée et toute souffrance perdra fin. Cette vie éternelle s’enracine déjà dans le mystère de la mort et de la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ que proclame l’Apôtre Paul dans sa Première lettre aux Corinthiens.  Croire en cette vérité de foi nous permet de faire un bon usage des biens de ce monde et aussi nous épargne de tout sentiment d’envie ou de jalousie devant les personnes possédant ce que nous avons l’impression de ne pas avoir.  C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre les béatitudes que Jésus nous enseigne aujourd’hui, sous la plume de Saint Luc. Chers frères et sœurs, nous sommes invités à accueillir ces textes bibliques comme un appel à la conversion, un appel à mettre toute notre vie en accord avec le message de l’Évangile. C’est là, le vrai chemin du bonheur. Les biens extérieurs passent, mais Dieu demeure éternellement. Une vie d’opulence, vide de Dieu, est un enfer pour l’homme ; elle engendre l’orgueil et le mépris de l’autre. Une vie de pauvreté, également vide de Dieu, engendre la jalousie et l’envie. Riches ou pauvres, attachons nos vies à Dieu et nous serons heureux. Puisse le Seigneur nous donner force et courage, pour demeurer fidèle au témoignage qu’il attend de nous, pour les siècles des siècles. Amen.

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