A quelques jours de la fête de la résurrection du Christ, les musulmans commencent à réclamer leur part de ce plat à base de mil, de pâte d’arachide et de pain de singe (fruit du baobab). Privés l’an dernier de ce fameux ngalakh à cause de la covid 19, ces derniers ont déjà pris les devants. Sur les réseaux sociaux, de très nombreuses publications tournent, depuis quelques temps, autour du partage du ngalakh, préparés dans les familles catholiques, à l’occasion de la fin du Carême. Il s’inscrit dans une tradition de partage et de fraternité entre musulmans et chrétiens.
Parmi ces nostalgiques, nombreux sont ceux qui ne font pas directement référence à ce que les chrétiens s’apprêtent à célébrer dans les prochaines heures, à savoir la résurrection du Fils de Dieu trois jours après sa mort sur la croix. Et pour cause ! Le goût unique de ce fameux ngalakh semble irrésistible. Le secret ? Personne ne saurait le dire. Peut-être la main de Dieu.
La tradition sénégalaise du partage de ce délicieux mets, à la fin du Carême, est souvent marquée par un défilé des jeunes d’une maison à une autre pour récupérer ou consommer sur place sa part, peu importe la quantité reçue. Pour certains, une gorgée suffit à les régaler. Au registre des records culinaires sénégalais, le ngalkh prendrait facilement la seconde place, juste après le « thiebou dieun ».
« Pas d’excuses cette année, nous voulons notre ngalakh », réclament de nombreux musulmans sur les réseaux sociaux. Mais d’où vient le ngalakh ? Pour certains, ce plat nous viendrait des mulâtresses de Saint Louis, pour d’autres de la Gambie. Des origines peu rassurantes malgré l’étiquette de la nationalité sénégalaise.
Qu’à cela ne tienne, le pays de la Teranga est le seul pays au monde où l’hôte accepte de boire le ngalakh sans même pour autant connaître la personne. Alors, la balle est dans le camp des chrétiens du Sénégal : le ngalakh est un patrimoine à protéger. Il réchauffe et raffermit les liens entre musulmans et chrétiens dans un pays où les chrétiens représentent 5% de la population.
Pour sa préparation : tremper le « bouye » (pain de singe) dans l’eau pendant 2 à 3 heures jusqu’à ce que la chair de ce fruit se détache des noyaux. Fouetter le pain de singe, ensuite passer au tamis pour enlever les fibres et noyaux ; mélanger à la pâte d’arachide puis passer au tamis. Une couleur veloutée obtenue, ajouter du sucre et des épices à volonté puis mélanger. De l’autre côté, ajouter les raisins, le beurre aux granulés de mil dans le jus et mélanger encore … Et voilà le ngalakh .
Bonne dégustation.
Lagina Gomis
