LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE L’ÉDUCATION DU SÉNÉGAL (Par François Ngor Ndiaye)

Le jeudi 12 novembre 2020, le ministre sénégalais de l’éducation est passé dans une émission télévisée « A gré de l’actualité ». La rentrée académique en était un des prétextes. Il avait évoqué beaucoup de problèmes avec sérénité. Cela avait alors mis suffisamment en confiance un téléspectateur pour lui écrire la lettre ouverte ci-dessous, sur un sujet latent dans le système éducatif formel sénégalais. Spécialisé en sciences de l’éducation, militant du dialogue islamo-chrétien, l’auteur parle en connaissance de cause.

Monsieur le Ministre,

C’est avec beaucoup d’intérêt que je  vous ai suivi ce jeudi 12 novembre 2020 à RTS 1 après le JT de 20 h. C’était dans le cadre de l’émission «  Au gré de l’actualité ». Merci et bravo pour vos réponses claires et d’une grande honnêteté intellectuelle. Votre sérénité face aux problèmes de l’enseignement formel de notre pays m’encourage à porter ouvertement à votre connaissance un souci que je porte depuis 20031.

Beaucoup d’enfants sénégalais de religions autres que musulmane ne peuvent apprendre la langue arabe dans nos structures scolaires ou l’abandonnent très vite. La raison fondamentale est que beaucoup d’enseignants de cette langue la confondent encore avec la religion qui l’utilise comme langue liturgique. Il est vrai que beaucoup de sénégalais ignorent qu’il y a des arabes chrétiens et des chrétiens arabisants dont je suis, que tous les textes sacrés catholiques existent en arabe. Ex : Sainte Bible, textes liturgiques. N’eût été cette fâcheuse erreur, la confusion entre l’arabe et l’islam, beaucoup de parents non musulmans encourageraient volontiers leurs enfants à apprendre cette belle langue aux opportunités nombreuses : Enseignement, diplomatie, ONG, dialogue islamo-chrétien…

Vous savez sans doute qu’il existe dans notre cher pays des écoles confessionnelles qui ont pu relever ce défi. Pendant les cours de catéchèse, les élèves non concernés sont pris en charge dans un cours de morale en fidélité à la double mission de l’école : instruire et éduquer. Et si beaucoup de parents non chrétiens y envoient leurs enfants c’est essentiellement parce qu’ils y trouvent une réponse à leurs attentes légitimes : une bonne instruction (voir résultats scolaires) et une bonne éducation.

Quels instructions ou rappels pourriez-vous donc Monsieur le Ministre, donner à vos agents superviseurs (I. A.) ou sur le terrain (enseignants) afin que dans nos écoles les cours d’arabe soient fréquentables par tous, sans confusion ? L’enseignement religieux se ferait alors en dehors du cours d’arabe, en groupes distincts, pour enraciner les auditeurs dans leurs religions respectives tout en les ouvrant aux valeurs communes ou complémentaires des autres ? Les apprenants seraient également soumis à plusieurs types d’examens : une épreuve commune de langue arabe pour tous, et une épreuve de religion selon les confessions.

Bonne année académique 2020-2021 !

François Ngor NDIAYE

fngor2587@yahoo.fr

Diplômé en Sciences sociales appliquées, Maître es-sciences de l’éducation, Baccalauréat canonique de Théologie

Autodidacte en arabe

 

1 Nous avions publié dans ce cadre et dans un quotidien sénégalaise une contribution ayant pour titre : « Place et rôle de l’école dans le dialogue interreligieux et l’éducation à la paix au Sénégal». Voir par ailleurs. »

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