Face au Coronavirus, oser le pari de la foi, de l’espérance et de la charité !

Bien-aimés frères et soeurs d’ici et d’ailleurs ! 

Même les âmes les plus stoïques sont marquées par ce qui se passe depuis quelques temps. Un virus qui ne semble épargner personne, nous accable. C’est une couronne dont personne ne veut. J’ai nommé le tristement célèbre Covid-19. Il arrive à un moment où les hommes, troublés et chaque jour plus inquiets, s’interrogent. Qu’est-ce que l’homme ? Sa vie a-t-elle un sens ? Y a-t-il pour lui quelque raison de croire en un Dieu bon ? Ces questions, qui ont traversé l’histoire de l’humanité, résonnent de façon particulière en ces jours où le Coronavirus semble ébranler mille et une certitudes pour laisser croire que tout est non-sens et que l’homme, livré à son propre sort, n’est rien qu’un accident de l’histoire qui en dispose comme bon lui semble et qu’il est appelé à affronter SEUL. En effet, rien ne me paraît moins certain. Il est vrai que l’existence de l’homme le dispose à faire la douloureuse expérience de l’épreuve qui, peu à peu, pourrait l’amener à désespérer de Dieu qui se fait pour toujours l’un de nous en Son Fils Jésus-Christ solidaire de nos joies et de nos peines. 

Non, l’homme n’est pas un accident de l’histoire. Il n’est pas SEUL. Il a toujours ce compagnon souvent invisible mais ô combien présent et agissant : Dieu. Il n’est pas non plus, comme certains aiment à laisser entendre, le fruit du hasard. L’homme a été voulu par Dieu aux yeux de qui il a un prix inestimable : « Tu as du prix à mes yeux, et je t’aime… Ne crains pas, car je suis avec toi » (cf. Is 43, 1-12). En ces temps difficiles, chacun et chacune de nous est invité à se laisser convaincre par cette « déclaration d’amour » de notre Seigneur qui ne saurait ni se tromper ni nous tromper.

Dieu nous aime et la preuve de son amour est irréfutable. Mais pour se rendre compte de cet amour brûlant à nul autre pareil, il faut se laisser aimer. Dieu nous aime à chaque fois que paraît le soleil pour illuminer nos journées et réchauffer nos coeurs. Il nous aime à chaque fois que pointe la lune qui nous invite au repos après une belle journée de travail. Il nous aime à chaque fois que la pluie tombe pour arroser nos champs, à chaque fois que nous rencontrons un ami, que re-naît un sourire, que se pose sur notre épaule une main qui console, qu’explose notre joie de nous rencontrer pour célébrer la vie. Mais il nous aime encore davantage quand, en des circonstances douloureuses comme celles du moment, des hommes, des femmes et des enfants, connus ou non, sont touchés, amoindris et, hélas, arrachés à notre affection par un virus tenace qui gagne des proportions de plus en plus inquiétantes. 

Il y a là comme une contradiction qui redonne toute son actualité à cette interrogation qui dit une bonne part du malaise de l’homme : « Si Dieu était bon, POURQUOI le mal et la souffrance ? » 

Plus qu’autre chose, le contexte actuel me paraît un lieu privilégié d’apprentissage de la foi, de l’espérance et de la charité dans un monde qui semble ne plus en avoir et où il urge de réaliser pour de vrai qu’à chaque fois que monte la terrible question : « où donc est Dieu ? » résonne aussi celles-ci qui nous interpellent tous et auxquelles nul d’entre nous ne devrait se dérober : « Où est l’homme lorsque l’homme souffre ? » Que faisons-nous contre le Coronavirus qui, de façon insidieuse, édulcore et désagrège notre foi et notre espérance ? 

Alors, que la désolante fermeture des églises ravive en nous le désir de l’Eucharistie, source et sommet de toute vie chrétienne. Que la distance que nous impose ce virus, et qui ne doit jamais se transformer en méfiance, fasse grandir en nous le désir de nous unir en frères et soeurs et raffermisse nos liens qui, davantage plus forts, seront le ferment d’un monde plus solidaire, plus fraternel et plus juste. Que la peur, qui semble régner en maître, nous fasse revivre l’épisode 3 

de la tempête apaisée par Jésus qui ne se fait pas sourd au cri des apôtres, un cri de désespoir et d’espérance à la fois en Celui qui peut tout (Mt 14, 24), et que les bénitiers vides, en plus de creuser en nous la soif de l’eau vive, nous rappellent l’eau de notre baptême et l’engagement qui en découle pour la plus grande Gloire de Dieu et l’avènement d’un monde meilleur. 

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule. Le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive ». Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne fait rien ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » (Mc 4, 35-41). 

« Qui est-il donc, celui-ci ? » C’est le Christ, Sauveur du monde, qui nous donne la ferme assurance qu’il est « avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps » Mt 28, 20. Qui est-il donc pour toi ? Qui est-il pour moi ? Qui est-il pour nous ? 

Enfin, souvenons-nous de ces paroles du Christ : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde ». Jn 16, 33. Que sa victoire soit notre victoire et sa Couronne notre couronne ! 

Croyons et prions sans cesse ! 

Abbé Séraphin-Raphaël NTAB

Professeur de Théologie Dogmatique 

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